Pâques 2024
Cette nuit, selon la légende, les cloches, réduites au silence dans la nuit du Jeudi Saint, sont rentrées de Rome pour célébrer la Résurrection du Christ et garnir les jardins de lapins, poules et œufs en chocolat, pour faire le délice des petits et grands enfants.
Elle aussi, elle est là, attendant également de célébrer la Résurrection, celle du Seigneur, mais aussi celle de la vie sous son campanile qui l’abrite. Sans voix depuis des années, elle attend.
Elle attend que le grand corps blessé et meurtri sous elle ait vu ses plaies pansées.
Elle veille, immobile, comme n’osant plus danser sa virevolte à deux temps, en clamant sa joie de sa voie d’airain, de peur que tout s’affaisse sous son poids et par son élan.
Elle attend.
Surplombant les bois, affrontant les vents, elle est la vigie d’un petit palais ébranlé qui ne veut pas céder à l’assaut et à la sape du temps.
Elle aimerait tant sonner la joie parmi le bruissement des futaies, tant résonner du bonheur insouciant des enfants et de la douce nostalgie des jours heureux des anciens, tant égrener simplement le temps qui passe, accompagner le pas des marcheurs qui lui rendent visite, ponctuer la méditation des rêveurs ou les prières des âmes et des cœurs.
Mais elle attend.
Sous sa bonne étoile en laquelle elle croit
Signe fragile mais encore invaincu que la vie reprendra
Que Bethléem ne se terminera pas sur un ultime Golgotha.
Comme le printemps perce toujours sous les dernières glaces de l’hiver.
Comme le Soleil toujours luit
Après avoir percé la sombre nuit.
En ce jour de Pâques, jour de la vie victorieuse, triomphante de la peur, des souffrances et de la mort.
Nous espérons aussi réentendre retentir le chant de la victoire de la vie et la voix de la joie de la cloche de Bethléem.
Joyeuses Pâques à tous !